Un malade de Parkinson indemnisé pour les addictions liées à son traitement

Un homme atteint de la maladie de Parkinson, ayant souffert d'addictions au jeu et au sexe liées à la prise de son traitement, s'est vu allouer mercredi près de 200.000 euros par la cour d'appel de Rennes qui a confirmé la responsabilité du laboratoire GSK, fabricant du médicament.

"C'est un grand jour"
Condamné en première instance, à la fin mars 2011 à Nantes, à verser 117.000 euros à Didier Jambart, le laboratoire pharmaceutiqueGlaxoSmithKline (GSK) a vu s'alourdir à 197.468,83 euros le montant des dommages-intérêts qu'il devra payer en réparation des effets secondaires subis par le plaignant et sa famille, après la prise du médicament Requip. 

A l'énoncé du délibéré, Didier Jambart, 52 ans, accompagné de sa femme, s'est effondré en larmes dans la salle d'audience. "C'est un grand jour", a-t-il commenté plus tard, très ému. "C'est sept ans de bataille pour faire reconnaître, avec nos faibles moyens, que GSK nous a mentis, a brisé notre vie (…) à des fins commerciales. Je suis heureux que justice soit faite, je suis heureux pour ma femme et mes enfants", a-t-il déclaré. 

"Double-claque pour GSK"
"C'est une double-claque pour GSK", s'est pour sa part félicité Me Antoine Béguin, son avocat, qui a, ironiquement, "remercié" GSK d'avoir interjeté appel de sa première condamnation. "Il perd une nouvelle fois et les indemnités sont augmentées", a-t-il dit. Evoquant une condamnation "inédite" pour des effets indésirables de ce type, hypersexualité et addiction au jeu, Me Béguin s'est également réjoui que, "face à un laboratoire pharmaceutique surpuissant, on a une justice qui fait son travail sereinement". 

 

La cour d'appel de Rennes a confirmé dans son arrêt que l'absence d'informations sur la notice du médicament concernant ses effets indésirables était bien liée au préjudice subi par Didier Jambart. Les juges ont aussi relevé des "présomptions graves, précises et concordantes" permettant d'imputer les troubles subis par le plaignant à la prise du Requip.

Besoin compulsif de jouer, hypersexualité
Avec son traitement, cet "enfer" s'était d'abord traduit par un besoin compulsif de jouer, le poussant à dilapider les économies familiales et à voler les coordonnées bancaires de collègues et de proches pour jouer au total quelque 82.000 euros, selon ses avocats. 

Puis s'était développée une hypersexualité, le conduisant à s'exhiber sur Internet, à se travestir et à se faire violer, selon lui. Didier Jambart a aussi affirmé avoir commis huit tentatives de suicide. Les troubles avaient cessé après l'arrêt du traitement en 2005.

Par Patrice Gabard

Journaliste RTL