Le comité scientifique du Fonds des maladies professionnelles a analysé le lien entre maladie de Parkinson et exposition aux pesticides. Selon lui, la causalité n’a pas été démontrée. La Belgique ne devrait donc pas suivre la France sur la question. Voici l’avis d’un médecin.

Gaëtan Garraux, neurologue à l’ULg et spécialiste de la maladie de Parkison, pensait que le Fonds des maladies professionnelles, « logiquement », devait reconnaître la maladie de Parkinson comme maladie professionnelle.

« La toute grande majorité des études vont dans le sens d’une association entre pesticide et Parkinson. On dispose de suffisamment d’arguments scientifiques dans le sens d’une association. »

En cas de manipulation de pesticides, le risque est quasiment doublé, note-t-il. L’idée : les pesticides attaquent le système nerveux des personnes, les cellules nerveuses y étant particulièrement vulnérables. « Plusieurs pays, dont la France, ont accepté la reconnaissance de cette association sur base d’arguments scientifiques. Je ne vois pas pourquoi ce serait différent en Belgique. Les preuves scientifiques d’une association sont bien établies. Il ne faut pas spécialement attendre la démonstration du lien de cause à effet pour reconnaître ce type de situation. »

Mais il est cependant vrai qu’on ne peut à ce stade démontrer de lien de cause à effet. Il ajoute qu’il s’agit d’une maladie complexe : les premiers symptômes apparaissent très lentement. Il est aussi difficile d’associer avec certitude l’utilisation de pesticides et maladies chez des patients précis : « ça peut être une association fortuite, le patient doit faire un travail de mémoire sur de longues années… »

Seuls 5 à 10 % des cas de maladies de Parkinson ont une explication d’origine familiale. On ignore les causes chez 90 % des malades, même si la cause environnementale est suspectée. « Parmi ces causes environnementales, il peut y avoir des causes toxiques. Et parmi ces causes toxiques, les pesticides jouent certainement un rôle. »

Pour un spécialiste des pesticides, le Pr Bruno Schiffers, responsable du Laboratoire de Phytopharmacie au sein de l’Unité « Analyse Qualité Risque » de Gembloux Agro-bio Tech, c’est « carrément scandaleux », que la maladie ne soit pas reconnue comme maladie professionnelle. Pour lui, « il n’y a même plus de doute » d’un lien entre pesticides et Parkinson.

Du côté de l’association des malades de Parkinson belges, on ne cherchait pas forcément la reconnaissance de la maladie, mais surtout « qu’on investigue sérieusement le sujet, en y mettant les moyens, qu’on aille au fond des choses, pour savoir exactement ce qu’il en est pour la santé des gens ».

« Et il n’y a pas que les agriculteurs qui sont concernés, mais tout le monde. Il faut qu’on puisse informer les gens. Et mettre en garde de façon préventive », note Lionel Crasson, qui remarque « des coïncidences très interpellantes » entre pesticides et Parkinson. « On sait que dans les scandales sanitaires, les choses mettent du temps à se débloquer…. » L’asbl Parkinson se préparait à réaliser un appel à témoignages auprès de ses membres.

Afin de les présenter au Fonds des maladies professionnelles, qui travaille surtout au nombre de plaintes. « Si personne ne se plaint, il n’y a rien qui bouge… »