Le stress ou, comme il est parfois nommé, «syndrome général d’adaptation» est un processus physiologique normal de réponse appropriée de l’organisme à un stimulus.
C’est grâce à lui que l’être vivant s’adapte et progresse. Lorsqu’une stimulation provoque le dépassement des capacités de résistance et d’adaptation de l’organisme, ce stress bénéfique devient pathologique. Cela se manifeste par toute une série de signes physiques et psychiques particulièrement désagréables qui ne sont plus appropriés à la stimulation qui les a suscités. Cette inadéquation de la réponse par rapport au stimulus survient plus facilement chez la personne âgée. Mais elle est surtout liée à la susceptibilité individuelle sans que l’on puisse véritablement séparer la part de la susceptibilité émotionnelle (l’esprit) et celle du corps (dont le cerveau), tant ces deux paramètres sont imbriqués. Sur ce point, les théories philosophiques confrontant le cerveau et l’esprit restent, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, sans véritable conclusion. Le cerveau et l’esprit sont-ils deux «choses» tout à fait distinctes agissant l’une sur l’autre ou, au contraire, le cerveau et l’esprit sont-ils si intimement liés qu’ils ne représentent que deux aspects d’une même entité… ou la réalité est-elle intermédiaire… ?
«On a parfois l’impression que lorsque la personne est soumise à un stress qui lui est excessif, quelque chose casse dans le cerveau et la maladie de Parkinson se révèle»*. Effectivement, sans que l’on puisse admettre une relation de cause à effet entre la situation de stress pathologique et l’apparition de la maladie de Parkinson, le stade d’épuisement de l’adaptation au stress peut révéler des faiblesses dans le fonctionnement de notre corps comme, par exemple, les signes d’une maladie de Parkinson qui jusque là étaient passés inaperçus parce qu’encore suffisamment gérés.
La maladie de Parkinson est la manifestation d’une moindre capacité du cerveau à moduler (par la voie extrapyramidale) les ordres moteurs donnés au corps par le cerveau lui-même (par la voie pyramidale). Lorsque cette capacité de modulation du cerveau devient plus faible et donc plus aléatoire, la maladie de Parkinson peut se révéler, par exemple dans le contexte d’une situation inhabituellement déstabilisante sur le plan physique et/ou psychique.
Cela se confirme d’ailleurs par l’augmentation de l’importance des signes parkinsoniens (surtout en ce qui concerne le tremblement), lors de certaines situations à forte contrariété.
Dans ce cadre, des approches de relaxation active (comme par exemple la sophrologie) peuvent aussi aider par une éducation à l’autogestion du stress.
D’autre part, tout en réduisant la mobilité du corps, la maladie de Parkinson peut parallèlement tendre à réduire la « mobilité de l’esprit », ce qui peut se manifester parfois par des signes imitant une dépression ou simplement des troubles de la concentration, ou une irritabilité réactionnelle (ces signes étant de plus exacerbés par la frustration de la limitation de l’autonomie liée à cette maladie, et parfois aussi par des troubles du sommeil liés à la maladie de Parkinson qu’il convient de prendre en charge spécifiquement).
La «kinésithérapie de l’esprit» est donc aussi indispensable que la kinésithérapie du corps…
Dans ce contexte, certaines activités de gymnastique sportive tendant à « harmoniser le corps et l’esprit », tel que par exemple le Tai Ji Quan dans le cadre d’ANEIDE, adaptées aux problèmes d’équilibre, de déplacement, de la gestion des gestes fins rencontrés dans la maladie de Parkinson, pourront utilement venir compléter l’indispensable prise en charge kinésithérapeutique.
Surtout si ces activités d’auto-rééducation sont réalisées en famille, ce qui ne peut que contribuer au meilleur bien être de la personne malade en confortant ses liens en confiance avec ses aidants–proches.
D’autre part, si vous possédiez des habitudes sportives avant la mise en évidence des symptômes parkinsoniens, certaines associations, tel que BESEP, proposent une rééducation par le sport grâce à un coaching personnalisé.
La prise en charge personnalisée et active de la gestion du stress pour une meilleure «harmonie corps-esprit» est donc nécessaire pour assurer la qualité de vie de la personne présentant une maladie de Parkinson, ….et aussi de ses indispensables aidants-proches.
Docteur Gianni FRANCO,
Collaborateur à l’Université de Liège
Service de Neurologie, Centre Hospitalier de Dinant.