Une immunothérapie prometteuse dans la maladie de Parkinson ?

New York, Etats-Unis, Vienne, Autriche –Les résultats préliminaires de la première immunothérapie dans la maladie de Parkinson sont encourageants, selon un essai pivot de phase 1. Les résultats ont été divulgués par la société de biotechnologie autrichienne Affiris, à l’origine du projet, lors d’une conférence de presse à New York le 31 juillet [1].

L’immunothérapie évaluée dans l’essai est nommée PD01A. Elle s’attaque à l’alpha-synucléine, une protéine impliquée dans la maladie via son accumulation néfaste dans les neurones. PD01A doit « éduquer le système immunitaire pour qu'il génère des anticorps dirigés contre l'alpha-synucléine », expliquait Affiris lors du lancement de l’essai, en 2012.

Des améliorations significatives sur les symptômes moteurs

Dans l’essai, les injections sous-cutanées de PD01A ont été bien tolérées ; elles ont induit une réponse immunitaire et cette réponse immunitaire a amélioré les symptômes dans un certain nombre de cas. En tout 32 patients âgés de 45 à 65 ans (âge moyen 55 ans) ont participé à l’étude. Ils étaient tous d’origine caucasienne, avaient un diagnostic de la maladie de Parkinson de moins de 4 ans (stade précoce de la maladie) et recevaient des doses stables de traitement antiparkinsonien (ex : lévodopa). Les patients ont été randomisés pour recevoir soit 15 microg (n=12) soit 75 microg (n=12) de PD01A, soit un placebo (n=8) et ont continué à recevoir leur traitement classique. Aucun patient n’est sorti de l’étude au cours des 52 semaines de suivi. Ils ont tous reçu l’ensemble des injections. En tout, 235 effets secondaires ont été rapportés par un Comité d’évaluation indépendant. Ils étaient distribués de façon équivalente entre les différents groupes. L’effet secondaire le plus fréquent était une réaction au point d’injection pendant 2 à 4 jours. Les trois seuls effets secondaires sévères observés n’avaient pas de rapport avec l’immunothérapie. Concernant la réponse immunitaire, sur les 24 patients qui ont reçu du PD01A, 15 ont fabriqué des anticorps anti alpha-synucléine.

En outre, ces anticorps ont pu être retrouvés dans le liquide céphalo-rachidien de certains patients. « Au total, nous avons été capables d’analyser 17 patients et chez 6 d’entre eux nous avons détecté ces anticorps dans leur liquide céphalo-rachidien », a indiqué le Dr Achim Schneeberger (directeur médical, AFFiRiS). Enfin, bien que l’étude n’ait pas été conçue pour évaluer l’impact clinique de l’immunothérapie, des améliorations statistiquement significatives, et parfois même hautement significatives, sur les symptômes moteurs (Movement Disorder Society–Unified Parkinson's Disease Rating Scale III) et non moteurs (notamment l’état cognitif et la qualité de vie) ont été observées chez les patients ayant répondu à l’immunothérapie, a expliqué le Dr Schneeberger. Rappelons, toutefois, qu’il s’agit d’une étude de phase 1 de petite taille. Et, selon le Dr Schneeberger, il faudra encore au moins 6 ans pour que l’immunothérapie arrive au bout de son processus d’évaluation. Diagnostiquer au plus tôt « Parce que cette immunothérapie a pour but final de prévenir la maladie de Parkinson, il est important d’identifier la maladie aussi tôt que possible.

Les chercheurs s’intéressent à des marqueurs comme la perte de l’odorat, les troubles du sommeil ou d’autres troubles qui peuvent être les signes précurseurs d’une maladie Parkinson », a commenté le Pr Todd Sherer, directeur général de la Fondation Michael J. Fox qui a financée l’étude à hauteur d’1,5 millions de dollars. « Nous cherchons non seulement, à savoir si nous pouvons améliorer le diagnostic de la maladie de Parkinson et le repérage des malades, mais aussi à identifier les gens en amont de la maladie avec l’espoir d’utiliser une thérapie préventive », explique-t-il. L’étude a été financée par la Fondation Michael J. Fox. Le Dr Schneeberger est employé par AFFiRiS. REFERENCE :

1. Communiqué de presse Affiris. First Clinical Data of Therapeutic Parkinson’s Disease Vaccine Encourages Continued Development. AFFiRiS AG presents Phase I data on a first-of-its-kind treatment with support from The Michael J. Fox Foundation. 31 juillet 2014.

Aude Lecrubier, avec Pauline Anderson